Céréales Compression des prix mais rebond possible
Tallage, cabinet d’études spécialisé dans les marchés des grains et des oléagineux, nous livre son analyse hebdomadaire.
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Malgré des ingrédients qui suggèrent une hausse possible à moyen terme, les prix des céréales françaises se sont de nouveau dégradés cette semaine. Le blé a perdu entre 1 et 6 €/t selon les places pour se positionner à 168 €/t en qualité meunière à Rouen et à 172,5 €/t sur l’échéance de mai d’Euronext le 16 mars. L’orge a suivi en abandonnant entre 1 et 2 €/t, à 141,5 €/t Fob Rouen et le maïs a fait de même en lâchant 3 €/t dans l’Est à 175 €/t Fob Rhin et 2 €/t sur la façade atlantique à 167,25 €/t Fob Bordeaux. Le maïs suit le blé mais il est impacté aussi par l’ampleur des disponibilités qui demeurent présentes sur le marché mondial (aux USA notamment).
En toile de fond également de cette dégradation, la remontée de l’euro face au dollar (à 1,07) qui force les valeurs françaises à la baisse afin que les céréales de l’Hexagone maintiennent leur compétitivité. Les craintes climatiques liées au froid sur l’est des USA et l’importance des achats ou appels d’offres en cours sur le marché du blé ou de l’orge n’ont pas pu empêcher cet affaissement.
L’Afrique du Nord aux achats
La semaine a été marquée par de gros achats de la part de l’Afrique du Nord. L’Algérie a contracté 480 000 tonnes de blé meunier ce mercredi. Toutefois, sur ce total, il semble que la part qui pourrait être servie par le blé US soit non négligeable (environ 120 000 tonnes) et cela est venu peser sur les prix européens.
De son côté, l’Égypte a acheté 420 000 tonnes mercredi soir dont une large part de blé russe (300 000 tonnes) avec un peu de blé ukrainien (60 000 tonnes) et de blé français (60 000 tonnes). Les achats de ce pays ont été très dynamiques au cours des dernières semaines, afin de rattraper en partie le retard accumulé depuis le début de campagne faisant suite aux débats concernant l’ergot.
En orge, l’Arabie Saoudite est de nouveau sur le marché pour un appel d’offres de 1,5 million de tonnes. Face à cet appel, l’Europe est en compétition avec l’Australie
Coup de poker de la Turquie
En cette fin de semaine, c’est la Turquie qui fait parler d’elle : ce pays vient d’annoncer qu’il exclut la Russie des origines pouvant lui exporter du blé. Cela nécessite d’être confirmé par un document officiel (ce qui n’est pas le cas pour l’instant) mais il se pourrait bien que la Turquie veuille appliquer cette mesure en rétorsion des restrictions que la Russie apporte elle-même aux importations de fruits et légumes turques.
Cette mesure apparaît très risquée de la part de la Turquie car la Russie est le fournisseur principal du pays qui ne peut se passer d’importer encore de gros volumes de blé d’ici à la fin de la campagne. Il est possible de penser que cette mesure a peut-être aussi pour but de faire chuter les prix russes que la Turquie juge trop élevés. Si cette chute arrive, ce sera tout bénéfice pour la Turquie. Dans le cas contraire, ce sont les autres origines qui profiteront du nouveau régime et cela pourrait venir donner un coup de pouce aux prix des blés meuniers à haute teneur en protéines dans l’UE notamment, principal fournisseur à la Turquie derrière la Russie.
Réduction des stocks mondiaux de blé en 2018
Du côté des importateurs, plus les semaines passent, plus les importations de l’Inde sont révisées à la hausse. Ce pays aura acheté 6 millions tonnes de blé sur le marché mondial d’ici au printemps et malgré la perspective d’une nette remontée de sa récolte, l’Inde devrait maintenir un volume d’importations non négligeable (inférieur toutefois à celui de cette année) lors de la nouvelle campagne, en raison d’une forte augmentation de sa consommation intérieure.
Les stocks mondiaux de blé seront élevés en fin de campagne et il en sera de même en maïs et en orge. Néanmoins, l’Europe, en ce qui la concerne, n’aura pas de gros stocks de blé au 30 juin et sa situation ne devrait guère s’alourdir au cours de la prochaine campagne.
Soja : les cours se stabilisent
À Chicago, les cours du soja se sont stabilisés. Ils sont cotés à 368 $/t sur le rapproché, comme la semaine dernière. En Argentine, les conditions climatiques restent favorables aux cultures de soja. D’après la Bourse de Buenos Aires, l’humidité des sols serait bonne à optimale pour 75 % des plants. Si cette situation se maintient dans les prochaines semaines, cela laisse présager de très bons rendements. Du côté du Brésil, la récolte de soja se poursuit avec un très bon rythme. 56 % des surfaces étaient récoltées à la fin de la semaine dernière, en avance de 9 points par rapport à la moyenne quinquennale. Les résultats de rendements restent excellents dans les principaux États. Néanmoins, la prudence des agriculteurs à vendre leurs volumes limite la pression baissière de cette récolte exceptionnelle.
Dans ce contexte, les États-Unis arrivent encore à écouler leurs volumes de soja sur le marché mondial. La semaine dernière, les ventes à l’exportation ont ainsi atteint 0,5 Mt, un bon niveau pour cette période de l’année. La prochaine récolte américaine (US) intéresse de plus en plus les opérateurs. Les derniers sondages réalisés auprès des agriculteurs américains semblent confirmer une hausse de plus de 6 % des intentions de semis par rapport à l’an dernier.
Colza : baisse des prix à la suite du canola canadien
Au Canada, d’importantes ventes techniques des fonds d’investissement ont fortement pesé sur les cours du canola cette semaine (–11 $/t sur le rapproché depuis la semaine dernière). En Europe, l’association des coopératives allemandes a publié ses prévisions de récolte pour 2017. Avec le rétablissement des rendements après une campagne 2016 décevante, la production de colza pourrait augmenter de presque 6 %. À cela se sont également ajoutées des nouvelles satisfaisantes en provenance de l’Australie, où les semis de canola démarrent dans des conditions quasi optimales. Tous ces éléments ont entraîné les prix du colza français à la baisse. Ils ont perdu 7 €/t rendu Rouen (à 408 €/t) et 6 €/t en Fob Moselle (à 415,5 €/t). Sur Euronext, la cotation échéance mai a cédé 6 €/t sur la semaine (à 406,75 €/t).
Par ailleurs, les cotations du tournesol ont poursuivi leur déclin à Saint-Nazaire (–7,5 €/t sur la semaine à 375 €/t). L’abondance de l’offre en huile de tournesol en provenance de la zone de la mer Noire pèse sur les prix de la graine en France.
Tourteaux : nouvelle baisse des prix en euros
Les prix des tourteaux de soja se sont renchéris sur le marché à terme de Chicago. Ils ont gagné 6 $/t sur le rapproché (à 363 $/t). Au contraire, sur le marché français, les tourteaux de soja ont poursuivi leur baisse à Montoir (–10 €/t à 353 €/t). En effet, l’ampleur des volumes de soja récoltés en Amérique du Sud fait baisser les prix des tourteaux importés du Brésil. Le renforcement de l’euro face au dollar (1,07 $/€ le 16 mars contre 1,06 $/€ le 9 mars) a accentué le recul des prix exprimés en euros.
Le pois fourrager départ Marne est resté stable cette semaine, à 223 €/t.
À SUIVRE : évolution des prix russes, climat dans l’hémisphère Nord, consommation animale de céréales d’ici à la fin de la campagne, conditions climatiques en Argentine, progression de la récolte brésilienne de soja, intentions de semis aux États-Unis, conditions climatiques pour le développement du colza dans l’hémisphère Nord.
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